Que la joie qui est éternelle replisse cette salle

Que la joie qui est éternelle emplisse cette salle. Non la joie d’un somptueux festin, qui s’éclipse alors même que nous quittons la table ; ni celle que la musique apporte – tout cela n’a qu’un temps. Beauté et beau visage sont comme des fleurs, qui fleurissent un temps, puis meurent. Même notre jeunesse rapidement s’éclipse et n’est plus.
Non, la félicité constante n’est pas là, ni parmi les trois joies de Jung Kung. Nous pouvons tout aussi bien les oublier, car le sens de la joie à laquelle je pense en est à des années lumière.

C’est la joie qui fait croître continuellement, qui aide à développer en nous et chez les autres les talents et aptitudes avec lesquels nous sommes nés – les dons du ciel aux mortels. Celle qui redonne vigueur à l’épuisé et jeunesse à ce qui décline, nous permettant alors de chasser la maladie et la souffrance.

Que la vraie tendresse et le rassemblement joyeux demeurent en cette salle. Corrigeons ici nos erreurs passées et perdons le souci de soi. Avec la constance des planètes dans leur cours ou celle du dragon dans son sentier drapé de nuages, entrons au pays de la santé et marchons toujours en ses frontières.

Fortifions-nous contre la faiblesse et apprenons à être autonome, sans défaillir même un seul instant. Alors notre résolution deviendra l’air lui-même que nous respirons, le monde où nous vivons ; alors nous serons aussi joyeux qu’un poisson dans des eaux cristallines. Voilà la joie éternelle, celle qui nous accompagnera jusqu’à la fin de nos jours. Et dites-moi, si vous le pouvez, quelle plus grande félicité la vie peut-elle accorder ?

Dédicace de Maître Cheng Man-ch’ing pour son école new-yorkaise, baptisée « La salle de la Joie ».